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Traum und fantasie
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Traum und fantasie
24 juillet 2008

Genuss

Un dernier tour au galop, encore un, retarder au maximum le moment où ils seront l'un en face de l'autre. Voilà, le tour déjà fini. Elle descend avec souplesse, ne pas laisser sa robe se coincer dans la sangle, comme souvent, ne pas oublier de remettre son chapeau droit, le foulard lissé. Relever ses yeux émeuraudes. Ne pas rougir. Réverence, salutations polies. Ils sortent de la carrière. Se redresser. La tête droite, les épaules hautes. Elle va le revoir. Ses doigts se crispent douleureusement sur les rênes, son cheval le sent mais ne dit rien. Ses phalanges sont devenues blanches, ses ongles entrent dans sa paume. Respiration sacadée. Se calmer. Elle se force à parler. Maîtriser sa voix, quelle ne trahisse jamais nos émotions. Imperceptiblement ses pas ralentissent, laisser la rencontre au dernier moment. Sa monture relève la tête, elle l'a senti, elle aussi. Elle porte sa main gantée de blanc à son front, une silhouette se découpe. Rapidement, elle lisse sa jupe sombre, essuie les boutons d'or de son corsage. Ses bottines foulent le sol sableux de la carrière de plus en plus légèrement. Elle a rabaissé la tête, cheval devant, elle à coté, il lui montre le chemin à suivre. Odeur famillière. Rythme cardiaque qui s'emballe. Elle se force à ralentir. Toujours ratarder le bonheur, toujours, il n'en est que plus savoureux. Pourtant, malgré le sang qui bat dans ses tempes, malgré ses oreilles qui ne peuvent plus qu'entendrent ses propres battements cardiaques, elle entends son souffle, sacadé lui aussi, tout comme le sien, comme s'il respirait près d'elle. Elle pouvait enfin respirer à plein poumon cette odeur cherie sans craindre, comme celle qu'il avait laissé sur l'écharpe, qu'elle ne disparaisse à force d'être respirée. Elle n'ose plus lever les yeux, rive son regard sur le sable de la carrière qui laisse place à l'herbe. On lui reprend son cheval. Elle s'arrête ; relève les yeux, le voit enfin. Et tous les moments d'attentes sont effacés, toutes les heures à penser à lui, si loin, oubliées. Il est là. Et la scène se déroule alors au ralentit, elle qui oublie toutes ses limites imposées, lui qui sourit, d'un sourire immense comme seuls savent le faire les enfants ou les amoureux à âme d'enfant. Elle qui s'élance, retenant de la main droite sa jupe, de la gauche un chapeau qui ne tient plus en place, laissant tomber en cascade courte des cheveux aubruns. Elle court et pourtant elle ne va pas assez vite à son goût. Elle tombe presque dans ses bras plus étoffés que la dernière fois. Sa main achève le chapeau qui se retrouve par terre. Il ne cesse d'embrasser ses cheveux et elle de le serrer. Elle relève la tête, les mains accrochées à son sweat. Tendre rencontre entre deux époques. Ses bras autour d'elle. Elle claque des dents, elle a toujours froids, il la dévore de son regard amoureux. Perle rare pensent-ils. Doux et chaleureux baiser tandis que ses mains le glace. Echange mutuel d'amour. L'espace d'un instant l'Univers tout entier se retrouve en eux.

grace_kelly2

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